La légende des Zéphyrs :texte de Whisper

Ce fut quelques lunes après le départ du Grand Elendil... Mata Hari était assise au pied du grand chêne qui trônait dans les jardins du S.E.X. Elle rêvait, elle rêvait à un monde étrange qui prenait vie dans son esprit, quand tout à coup elle entendit une voix derrière elle: "Tu le vois aussi n'est ce pas?"
Elle reconnut aussitôt Whisper et sourit. Comme il était doux de le retrouver après tant d'années! Chaque jour qui passait en sa compagnie était un peu plus réconfortant...
"Oui, je le vois... c'est vrai... Il existe quelque part un ailleurs". Leurs mains se touchèrent de chaque côté de l'arbre et une bourrasque terrible se leva venant de loin, par delà l'horizon.
Comme mus par d’imperceptibles ordres, ensemble ils fermèrent les yeux et étendirent leurs bras, leurs paumes tendues vers le ciel. Le vent était de plus en plus fort, leur faisant perdre l’équilibre…
Leurs doigts se touchèrent, Whisper sentit une décharge, leurs corps furent étirés, transfigurés de puissance. En eux-même ils vivaient le vent, savaient ses chuchotements et ses longues plaintes.
Un long moment passa, perdus dans l’immensité des cieux ; Quand enfin ils recouvrirent la vue, tout était changé autour d’eux, plus rien ne ressemblaient aux jardins dans lesquels ils pensaient s’être assoupis quelques instants, et qu’ils appréciaient tous deux tant.
Devant leurs yeux à présent s’étalait une cité étrangement ressemblante à celle qu’ils avaient si souvent vue dans leurs rêves…
« Où sommes-nous donc ? Ce lieu lointain m’est déjà si familier »
Ils firent quelques pas le long de la terrasse sur laquelle ils se trouvaient. Sous leurs pieds du sable, étendu en fines couches venues de dunes invisibles, crissait.
Arrivés au bord, un murmure se fit entendre. Face à eux se dressait une foule, une immense foule. Le murmure devint bruit, le bruit un cri, le cri une immense clameur. Le vent se leva, soulevant le sable en vagues qui passaient au-dessus de la foule, sans qu’il semble la gêner.
Whisper et Mata Hari se regardèrent
« Zéphirs… » murmura-t-il
« La Cité des Vents Rêveurs » répondit-elle
« Qui donc sommes-nous, pour qu’ils nous acclament ainsi ? » ,s’interrogeait-il.

« Vous êtes les souverains de la Cité des Vents Rêveurs ! »

Un homme s’était avancé devant eux. Il était grand, ses cheveux sombres flottant gracieusement au vent. Ses yeux étaient d’un violet pur, comme trempés à même la couleur mère.
« L’exil forcé de vos ancêtres est terminé. Le temps de la dictature est révolu, le peuple enfin a vaincu son indigne souverain, et aujourd’hui vous rappelle et vous réclame. Votre trône enfin vous revient, fils et fille des vents, puisse l’hommage que nous vous rendons être digne de votre grandeur ! »
Une sourde mélopée, envoûtante, jaillit d’un étrange instrument, à travers lequel le vent dansait, tandis que Whisper et Mata Hari se laissaient envahir de joie en fêtant les retrouvailles avec leur peuple oublié. Ils le savaient, maintenant ils étaient chez eux… Et tout restait à rebâtir.